LE MASSAGE TANTRIQUE PAS À PAS

Si le tantrisme est une tradition mystique millénaire, le massage tantrique a lui été conçu il y a quelques années par Mary, une jeune Belge et Thierry son mari. Véritable révélation des sens, il cherche à donner une dimension spirituelle au toucher et à l’extase.

SENSUALITÉ ET LANGAGE DU CORPS

Nous avons rencontré Mary, initiatrice du massage tantrique

Comment avez-vous créé le massage tantrique ?

C’est presque un hasard. Et une belle histoire de couple. Il y a quelques années, avec Thierry mon mari, nous étions en train de nous masser… et il s’est passé quelque chose d’unique, une sensation indescriptible que j’ai ressentie pendant qu’il me touchait, quelque chose qui allait bien au-delà de la simple relaxation ou de l’excitation sexuelle. Comme il pratiquait déjà le massage et que j’étudiais pour ma part la médecine traditionnelle chinoise, nous avons essayé de comprendre ce qui nous était arrivé. À travers la lecture de textes sacrés puis de multiples essais, nous avons donc mis sur pied une technique nouvelle que nous avons baptisée “massage tantrique”. Pour qu’on ne nous pique pas l’idée, nous avons même déposé son nom.

Un de vos points de départ, c’est que l’occident est sous-développé en matière de toucher et de sensualité ?

Absolument. En restreignant les fonctions du toucher, en y opposant des interdits, notre culture a muselé le langage du corps. À l’inverse, en Asie, depuis des millénaires, le massage occupe le domaine social comme une manifestation d’attentions réciproques. En Inde, par exemple, c’est une activité quotidienne que tout le monde pratique: les femmes massent longuement leurs bébés et les enfants apprennent à faire de même avec leurs parents. La sensualité là-bas est bien plus riche que chez nous. En Orient, on ne dira jamais qu’une femme est plus sensible aux caresses qu’un homme. Et un maître tantrique serait stupéfait de voir la pauvreté de ce que nous considérerons comme des zones érogènes.

Ce massage n’a donc pas un objectif purement sexuel ?

Non, c’est une ouverture des sens, une libération des énergies. Bien sûr, il provoque des réactions physiques presque inévitables… mais ce n’est pas le premier objectif. Lié à la philosophie de l’Inde et au bouddhisme, c’est avant tout un éveil à l‘érotisme qui plonge les gens dans un état vibratoire différent, qui les confronte à leur ressenti pour découvrir des sensations et des émotions nouvelles. C’est une manière d’abolir les frontières entre le charnel et l’énergétique. Il y a une certaine gradation, on masse avec différentes parties du corps, on stimule les énergies vitales et en même temps les énergies sexuelles. La personne qui est massée doit presque arriver à un état de transe, en tout cas, de lâcher prise, d’abandon total.

Quelles sont les personnes qui profitent de vos massages ?

Des hommes bien sûr, qui veulent découvrir ces nouvelles sensations. Mais pas uniquement. Nous recevons aussi des femmes, des couples qui sont massés côte à côte, des gens qui souffrent de problèmes liés au désir, à l’éjaculation précoce… Et il n’y a pas d’âge.

Quand un couple se fait masser côte à côte, que se passe-t-il ?

C’est une manière vraiment unique de recréer une bulle de désir entre deux personnes. L’une à côté de l’autre, elles plongent dans cet état vibratoire et des connexions énergétiques se créent entre elles. Nous essayons de les faire voyager à un même rythme, ce qui n’est pas facile puisqu’un homme démarre en général beaucoup plus vite… puis, quand nous sentons le moment venu, nous les abandonnons pour qu’ils se retrouvent, qu’ils profitent de cet état pour s’unir d’une manière nouvelle. Souvent, cette expérience leur permet de renouer avec certaines émotions, ils recréent un espace sacré entre eux qu’ils peuvent retrouver chez eux en se massant et en se touchant.

Quelles sont les qualités nécessaires pour pratiquer le massage tantrique ?

Il faut avoir beaucoup d’amour et de respect pour la personne avec qui on partage ce moment. Mais ne rien attendre en retour. On se met entièrement au service de la personne, on lui donne toute son énergie, sa joie, sa tendresse pour lui procurer cet état de bien-être.

Et quels sont les obstacles auxquels on peut être confronté ?

Le manque de temps, le stress, notre incapacité à nous détacher de la vie quotidienne pour vivre des moments magiques. Les limitations liées à notre culture aussi. Notre manque d’habitude du toucher, du laisser-aller. Puis aussi cette certitude fausse que chacun n’a que trois ou quatre zones érogènes et énergisantes. Alors qu’au contraire, toutes les parties du corps peuvent donner du plaisir.

Christophe Coppens
Juillet 2003